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13 juin 2007

LE projet sonore

Le voyage se termine, j'en profite pour faire l inventaire de mes enregistrements. Les choses se mettent petit à petit en place. Je vais essayer dans les jours à venir de parler un peu plus en particulier du son. Mais là tout de suite je me rappelle d' une anecdote. Nous étions à Luang Prabang :

Journée épuisante, la phrase du jour c est :  Trop de touristes tue le touriste,  mais nous faisons notre p ti bonhomme de chemin.

Nous allons rendre nos vélos et nous discutons avec la femme, mère de huit enfants parlant quelques mots de français et voila qu elle nous montre les livres d école de son fils. Et là là je suis toute émue, j ai dans les mains l' histoire de Monsieur Lampion en images. Je revois Mr. Oribilis et j' entends encore  les sons de l'histoire. Je n'en reviens pas. Je n avais jamais fait le rapprochement mais cela est fort possible que mon attrait pour les sons aujourd’hui je le doive aussi, quelque part enfouie, à cette histoire racontée sur cassette à l école primaire. C est une drôle de coïncidence, je viens ici avec un projet sonore et voici qu'au Laos je retombe sur cette histoire sonore !!!   

Question son, ici au Cambodge on est bien tombées ! Le son, du bruit y'en a ! C'est à celui qui en fera le plus. Société de soumission. Sur la route c'est celui qui klaxonne le premier ou le plus fort qui a la priorité. Le son est comme une façade une image, pendant les mariages la ''musique'' est au maximum, si on peut encore parler de musique. Parler de murs de bruits saturés est plus approprié. Les enceintes sont placées à l extérieur ( vu la taille elles ne tiennent pas dans la maison ) devant chez soi à toque. Les voisins ne disent rien. Jusqu'au jour où.... peut être interdiction à gogo un peu comme chez nous où pour la moindre fête il faut prendre beaucoup de précautions.

   

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Prélèvements sonores / fiction/ réalités/ paysages sonores / matière sonore/ que ses oreilles se fassent aussi pointues que l extrémité du stylo/ écoute/ vertige/ glissement d espace/ destruction/ construction/ operation sonore/ lieu d ecoute/ tapisserie sonore/ espace flottant/...

''je n enregistre pas ce que j entends''. Le microphone (le '' macrophone''Mauricio Kagel) pénètre là où je n ai pas accès (dans la gorge de celui qui parle par exemple). Oreille volante, il détecte le son, le découpe par plans, le déplace – le travaille. Il va me permettre d écouter de l' inouï. Il va me permettre de traverser, dépasser les seuils sonores, les cadres de perception habituels. Il joue le rôle d une sorte de ''sonotone'' géant. Il '' lève '' (comme dans le domaine de la chasse) des bruits enfouis. Il les surprend sous des angles impossibles. Il révèle une fiction sous-jacente.

''J enregistre ce que je provoque ou le microphone crée une réalité''

Ceci sont des bouts de textes rassemblés par René Farabet dans: "bref éloge du coup de tonnerre et du bruit d ailes".

Après le bain de ville que reste il ? Des sons sur la bande? A quoi peut ressembler cette ville devenue maintenant invisible?

Valery écrivait: « l oreille est le sens préfère de l attention. Elle garde en quelque sorte la frontière, du côté où la vue ne voit pas ». Le son est un passeur de frontières. Il découvre des bouts de champs secrets, des « hors champs » du « off » et donc aussi un peu « d inouï ». Il nous permet de « reconstruire » la ville, de l élargir. Des lors, devant nous, s étale une cite imaginaire, mentale : une cité invisible, vraiment- mais non parce qu il manquerait à l auditeur le sens de la vue, l auditeur n est pas un handicapé, il a simplement décidé de baisser les paupières, d être présent au monde tout en le rêvant. La scène sonore n est pas enfermée dans le cadre rigide d un théâtre à l italienne, elle est nomade : nous sommes dans un espace inter – subjectif.

extrait de « la ville comme syntagme et videogramme » Communication aux rencontres internationales d art radiophonique « Ciudades invisibles » (Circulo de bellas artes, Madrid – octobre 1992) Dans "Bref éloge du coup de tonnerre et du bruit d ailes" de René Farabet

J'ai conscience du bric à brac que je vous propose je ferai le tri au frais....il fait trop chaud !

jeanne

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Commentaires
K
Bonjour, je suis à la recherche de cette histoire sonore Mr lampion et Oribilis que je recherche pour ma petite Lili.Je vois qu'elle vous a "impressionné" comme moi ( au sens photograohique...). Sauriez-vous où je peux retrouver cette histoire.Merci beaucoup de votre réponse. Bien cordialement Christine L.
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